Chers Priants,
En ce dernier jour, nous vous proposons d’examiner comment notre agir selon l’Evangile est invité à se concrétiser dans notre vie en société, en particulier au travail. Voici quelques mots sur ce qu’on appelle la « doctrine sociale de l’Eglise ».
La valeur positive du travail
Le travail participe à la dignité fondamentale de la personne humaine. En effet, s’il consiste objectivement à la production de biens et à la transformation de ce qu’offre la nature, il a avant tout une dimension humaine, personnelle, spirituelle même : « Le travail est une participation à l’œuvre non seulement de la création, mais aussi de la rédemption » (Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise n°263). Le travail est en lien avec la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il est aussi en lien avec la dimension sociale de l’homme : travailler, c’est travailler avec les autres et pour les autres. On mesure alors le drame du chômage : en plus de la précarité économique, l’absence de travail prive l’homme d’une part majeure de son accomplissement personnel.
Les cinq grands principes de la « doctrine sociale de l’Eglise »
Depuis le XIXe siècle et les bouleversements sociaux de la révolution industrielle, l’Eglise a mis en évidence cinq grands principes pour garantir la dignité de la personne humaine au travail et son épanouissement.
Le premier, c’est le bien commun : l’ensemble des conditions sociales extérieures qui permettent et favorisent dans les hommes le développement intégral de leur personnalité. Par exemple, l’école fait partie du bien commun en tant qu’elle permet à chacun de développer ses potentialités personnelles. On peut citer aussi l’accès au logement, à une alimentation saine, à la culture, aux transports, à la santé, à la liberté religieuse, etc. Chacun doit s’engager pour que tous puissent bénéficier de conditions qui les aident à déployer leur vocation.
Deuxième principe : la destination universelle des biens. Elle se comprend en lien avec le droit à la propriété individuelle. Chacun a besoin de posséder des biens, sinon, il n’a plus de liberté ni de dignité : comment vivre avec sa famille sans posséder son lit ni ses casseroles ? Mais cette légitime possession est subordonnée au fait que la terre a été confiée à tous les hommes et non à quelques uns seulement. Ce que l’on possède doit servir à tous, directement ou indirectement. En particulier, il est injuste de laisser improductifs des biens possédés, ou d’accumuler des richesses dans des coffres sans les réinvestir dans l’économie. Est-ce que chacun d’entre nous ne garde pas dans ses placards une foule de choses, comme des vêtements, qu’il n’utilise jamais ? La corruption, le travail au noir, ne pas payer ses impôts sont aussi une offense à la répartition des richesses selon la justice. Il faut ajouter l’option préférentielle pour les pauvres : dans la répartition des biens, les plus démunis doivent être prioritaires.
Le troisième principe est la subsidiarité. Ce mot compliqué désigne une réalité simple : c’est au plus près du terrain que doivent se prendre les décisions. Ce qu’un échelon peut décider ne doit pas être décidé à l’échelon supérieur, mais au contraire, l’échelon supérieur doit soutenir le niveau inférieur. Cela rejoint la question pratique : Est-ce que je sais déléguer les choses, ou est-ce que je veux tout maîtriser ? Ou encore : Est-ce que je ne refuse pas d’assumer mes responsabilités en passant toujours par mon chef ?
Quatrième principe : la participation. C’est une conséquence de la subsidiarité : est-ce que je fais participer les autres aux décisions que je prends (cf. la démocratie) ? Et : est-ce que fais profiter les autres de ce que je fais ? Si la participation à la vie de la société ou d’un groupe est un droit, elle est aussi un devoir de ne pas s’isoler égoïstement.
Enfin, cinquième principe : la solidarité. C’est une vertu morale nécessaire en raison de l’interdépendance entre les hommes et les peuples. Je dois m’engager au service du bien commun, de la destination universelle des biens, en vue de faire grandir chaque homme en dignité. Nous avons tous une dette vis-à-vis de la société et de nos prochains ! Etre solidaire, c’est répondre à un besoin de justice, mais c’est aussi exercer la charité chrétienne. Et ainsi le bien s’étendra : le surplus d’amour d’aujourd’hui deviendra demain une exigence normale de la justice !
Résumons
Le christianisme invite à renouveler la façon de vivre en société. En particulier, le travail est une part importante de la dignité humaine par sa participation à l’œuvre de la création et par sa dimension sociale.
Cinq grands principes permettent d’améliorer les relations entre les hommes et les peuples : le bien commun, la destination universelle des biens, la subsidiarité, la participation et la solidarité.
Prions
Tu demandes à l’humanité, Dieu créateur, de se perfectionner de jour en jour et d’achever par son travail l’œuvre immense de la création. Aide-nous à faire que tous les hommes aient des conditions de travail qui respectent leur dignité. Qu’en s’efforçant d’améliorer leur propre sort, ils agissent avec un esprit de solidarité et de service, par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
(oraison des vêpres du lundi IV)
Pour aller plus loin
- CEC n°1877-1948.
- Youcat n°321-332.
- Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise.
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Une vidéo pour approfondir
Lien de la vidéo : youtu.be/hZypN4JYaj0
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